L'association Vivre au Pays du Granit, qui rassemble des passionné(e)s de céramique de Lavaveix-les-Mines, tenait récemment son assemblée générale annuelle. Pour cette journée, Maryse (la présidente) a amicalement invité l'équipe d' artistiCreuse23 à se joindre à eux...
Au menu, outre l'assemblée générale, il y avait un bon repas au restaurant L'Auberge des Pêcheurs (à La Celle Dunoise), suivi d'une cuisson de céramiques Raku dans un des fours à bois de l'écomusée de la Tuilerie de Pouligny(à Chéniers)... Nous, épicuriens de nature, n'avons pas su résister à de tels arguments !
Le repas à L'Auberge des Pêcheurs se termine sur l'artistique et délicieux dessert irlandais de Karen. Il est maintenant l'heure de nous rendre à la Tuilerie de Pouligny. Ce n'est pas loin... le temps de le dire, nous y sommes déjà. Maryse et Joël séparent le groupe en 2 équipes qui se relayeront ensuite. L'une est chargée d'émailler des poteries, l'autre d'alimenter le four !
Ce n'est pas vraiment une partie de plaisir qui s'annonce ! Pour la céramique Raku, il faut monter la température du four à 1000° et la maintenir pendant toute la durée de la cuisson. Or, le four que l'écomusée à gentiment mis à la disposition de Vivre au Pays du Granit est plutôt rustique et, de ce fait, requiert une solide expérience du feu.
Les apprentis potiers débitent de fines lamelles de bois. Il faut constituer un stock conséquent car le four est vorace. Joël a planté une sonde dans le ventre de la bête. A l'autre bout du câble, un écran digital indique la température dans le foyer : 502°... 498°... 523° ! Lorsque Joël met du bois, la température baisse, puis remonte. Il explique que cela est normal, la flamme mange de l'oxygène et fait baisser la température. La braise la fait remonter, à chaque fois un peu plus haut, jusqu'à (espérons-le) atteindre les 1000° !
L'écomusée de la Tuilerie de Pouligny possède une très belle collection de fours à bois. Des céramistes du monde entier viennent y cuire leurs pièces. A leur contact, le puits de sciences qu'est Pierre (le directeur de la Tuilerie) a encore enrichi ses connaissances et sa maîtrise du feu. "C'est l'humain qui doit se mettre au service du four et non l'inverse !" affirme-il.
798°... ça ne monte plus ! Suivant les conseils avisés (mais surprenants) de Pierre, Joël retire presque toutes les braises du four. Le but consiste à libérer un maximum de place pour laisser passer l'air afin d'activer la combustion et, donc, la montée en température ! Il est déjà 18h.20... 849° !
Le monstre exige toujours plus ! Il faut encore alimenter le tas de petit bois ! Autour, ambiance aidant, le personnage de Bernard Palissy (qui brûla ses meubles pour percer le secret des émailleurs italiens) enflamme alors notre conversation. En plaisantant, nous évoquons le bois bien sec de la charpente de la tuilerie... Ouf, les 1000° sont atteints à temps !
La charpente est sauvée !
Il faut désormais mettre les pièces dans le four en bravant cette température terrible. La gestuel de l'équipe est bien rodé et tout se passe vite et bien. La première fournée cuit tranquillement. De puissantes flammes sortent du four en grondant de plaisir. Autour d'un café, nous partageons le délicieux clafoutis de Marie-Hélène...
Et voilà que, brusquement, la température chute ! Joël intervient aussitôt, mais rien n'y fait : impossible d'enrayer la chute ! La première cuisson est sauvée de justesse mais impossible d'assurer la seconde. Les uns après les autres, déçu(e)s, les membres de Vivre au pays du Granit s'en retournent vers Lavaveix-les-Mines (Joël, avec son four à gaz bricolé et son brio habituel, y assurera la seconde fournée).
"C'est l'humain qui doit se mettre au service du four et non l'inverse !"... Il fallait peut-être aussi lui donner une part du clafoutis de Marie-Hélène à ce capricieux tas de briques ? Et puis quoi encore ! En tous cas, là, c'est certain, ce gourmand de Joël ne sera jamais d'accord !
Sympathique reportage qui traduit bien
l'ambiance !
On en a bavé surtout Joël pour maintenir tant bien que mal le feu, courbé durant des heures pour charger le bois, dé-braiser : bonjour les courbatures qui s’ensuivirent les jours suivants !
Les conditions climatiques étaient des plus défavorables pour une cuisson au bois, nous n'avons pas choisi le bon jour. Pourtant l'équipe s'est démenée pour fendre le bois nécessaire pour nourrir ce feu gourmand, mais en vain...
Les photos sont superbes, la Tuilerie est vraiment un espace comme hors du temps, une atmosphère particulière, ensorcelante, surtout quand un four crache ses flammes, tel un dragon. C'est frustrés que nous avons quitté la Tuilerie, de n'avoir pas cuit tous les bols. Ils le seront prochainement, dans le four "fabrication maison" de Joël, mais cela n'aura pas le charme du feu de bois avec ses incertitudes.
Ce fut malgré les déconvenues une agréable journée.
Bien amicalement.
Maryse et Joël